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20/03/2019
Je suis assez client des films de Remi Bezançon qui a sonvent un bon casting devant sa caméra et une façon de filmer que j'apprécie. Cette fois ce sont Fabrice Luchini et Camille Cottin qui occupent le devant de la scène et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne l'illumine pas. Est-ce l'adaptation du bouquin ou le bouquin lui même qui est aussi mou du genoux ? Difficile à savoir mais le film laisse l'impression de regarder FR3 Bretagne un dimanche soir avec un reportage fait par un parisien qui empile tous les clichés : de l'arrivée sous la pluie en passant par la crèperie, des petits chemins parcourus en vélo au club de lecture remplie de femme fan de polar, ... le film semble hésiter entre le franc second degré et la critique du milieu littéraire (et plus exactement des éditeurs).
C'est dommage car l'idée était amusante et il y avait de quoi s'interroger en effet sur les pratiques des éditeurs mais aussi sur l'importance pour ce journaliste de prouver sa théorie. Pourquoi prendre à coeur cette histoire plutôt qu'une autre ? Alors que Romain Gary et Emile Ajar ont tous les deux remportés le prix Goncourt, est-ce parce que personne n'a réussi le tour de force de faire deux livres assez puissants pour le remporter ou est-ce parce qu'on a decidé (tacitement ou dans les statut) qu'un auteur ne pouvait pas l'obtenir de fois car il fallait partager un peu le gateau de la renommée ?
Pourquoi un "obscur pizzaiolo" de Bretagne ne pourrait pas être un fan de la Russie et écrire avec une plume bouleversante ? Est-ce que l'identité de l'écrivain et ce qu'il est doit influencer ce qu'on lit de lui ? Comment réussir à exister quand les rentrées littéraires battent chaque année le nombre de livre présentés alors que les français lisent de moins en moins sur ce support ? Il y en avait des questions à traiter à travers cet Henri Pick mais quasiment tout se ramène au personnage joué par Fabrice Luchini, lui-même en mode automatique.
Ce n'est pas Henri Pick qui intéresse les scénaristes, ce sont les rapports en mode "Bienvenus chez les Merlus" entre le critique littéraire parisien bien installé dans son confort bourgeois et la maman qui élève son fils une semaine sur deux mais qui a les pieds sur Terre. Les gags sont plus importants pour faire avancer l'histoire que les indices pour résoudre l'enquête de base et la fin est vite expediée ce qui n'arrange rien.
Bref, le film est une petite comédie plus qu'un bon polar et il ne permettra pas de réfélchir aux problèmes d'écriture ou à la force de la lecture. A défaut d'être mauvais il est assez fade mais pour un vendredi soir sans grandes attentes, il fera l'affaire.
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